Louis PergaudLes RustiquesLa Disparition mystérieuse« En ces temps-là, la Bourgogne était heureuse »… et la Franche-Comté itou. Descoteaux d’Arbois, de Poligny et de Salins, descendait, chaque automne, avec lescuves pleines, le beau vin couleur peau d’oignon, jailli des grappes de poulsard, etles vignerons à rouge trogne bénissaient le Seigneur dont le bon soleil gorgeait devie les pampres vigoureux et emplissait leurs futailles.Donc, à cette époque que nous ne préciserons pas davantage, dans le tempsvivaient, l’un à Salins, l’autre sur les hauteurs du plateau de Cornabeuf, deux vraisamis comme on n’en fait plus guère aujourd’hui, deux vieux camarades que, nonseulement avaient unis, dès leur plus tendre enfance, les liens d’un sentimentfraternel, mais que l’Art encore, en ce coin perdu de province, faisait communier fortsouvent, sous les espèces de discussions aussi pacifiques que passionnées ;discussions qu’avivait de son feu généreux la rouge purée septembrale, si douceaux cœurs douloureux et aux gosiers altérés.Ainsi, le poète Étienne Lecourt, admirateur de Casimir Delavigne et auteur — peugoûté dans son pays, où nul n’est prophète — auteur, disons-nous des Échos duCœur, tenait en haute et particulière estime le musicien Jacques Mirondeau, sonaîné, lequel, heureux des seuls accords qu’il tirait de son violon, avait vécu libre etsans lois, comme son ami Étienne, jusqu’à quarante-cinq ans, âge auquel, parlleamour pour la musique, il avait épousé M ...
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