E. T. A. Hoffmann — Les Frères SérapionLa Cour d’Artus1816LA COUR D’ARTUSTraduit par Henry EgmontITu as sans doute entendu déjà, lecteur bénévole, bien des récits sur la villeancienne et commerçante de Dantzig. Tu connais peut-être, grâce à maintedescription, tout ce qu’elle renferme de remarquable ; mais j’aimerais mieux savoirque tu l’as visitée jadis toi-même, et que tu as vu de tes propres yeux lamerveilleuse enceinte dans laquelle je vais te conduire : je veux parler de la Courd’Artus.Durant la matinée, cette salle est encombrée d’une foule immense forméed’individus de toutes les nations, qui vont et viennent en se livrant à leurs affairescommerciales, et un tapage confus y étourdit les oreilles. Mais l’heure de la bourseune fois passée, lorsque les principaux négociants sont à diner, et qu’il ne passeplus dans ce lieu servant de jonction entre deux rues que quelques personnesisolées, c’est cet instant, cher lecteur, que tu devais choisir dans ton séjour àDantzig pour te rendre à la Cour d’Artus. Un demi-jour magique se glissait à traversles sombres vitraux, et toutes les figures sculptées et moulées dont toutes lesparois de l’édifice sont richement ornées, semblaient alors devenir mobiles etvivantes. Des cerfs aux immenses ramures et d’autres animaux fantastiques fixaientsur toi du plafond d’ardents regards que tu osais à peine soutenir. Aussi, plus lecrépuscule devenait sombre, plus la statue de marbre du vieux roi élevée au milieude la ...
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