E. T. A. Hoffmann — Contes nocturnesL’Église des Jésuites1817L’ÉGLISE DES JÉSUITESTraduit par Henry EgmontIEmballé dans une chaise de poste délabrée, que les vers avaient abandonnée parinstinct, comme les rats le navire de Prospero, j’arrivai enfin, après avoir risqué centfois de me rompre le cou, devant l’auberge du marché de G.... Tous les malheursdont j’aurais pu moi-même être victime étaient tombés sur la voiture que j’avaisquittée, vu son état déplorable, chez le maître de poste du dernier relai. Quatrechevaux maigres et efflanqués parvinrent enfin, au bout de quelques heures et avecl’aide de mon domestique et de plusieurs paysans, à transporter jusqu’à G.... lemalencontreux équipage. Les connaisseurs de l’endroit arrivèrent à la file, etchacun d’eux, secouant expressivement la tête, parlait d’une compléte réparationcomme d’une chose indispensable et qui demanderait deux jours de travail oumême trois.La petite ville de G.... ne me paraissait pas à dédaigner ; j’avais trouvé les environsagréables, et cependant j’étais passablement effrayé du retard dont j’étais menacé.— As-tu jamais, bienveillant lecteur, été forcé de t’arrêter trois jours en voyage dansune petite ville où tu ne connaissais personne, personne absolument. Si cela t’estarrivé, et à moins qu’un profond chagrin n’eût alors étouffé chez toi tout désir derelation quelconque, tu comprendras assurément mon malaise et mon dépit.La parole est ici-bas la manifestation la plus directe de ...
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