1 Double face Le réveil sonne, et je l’entends à peine. J’essaie d’ouvrir un œil mais mes paupières sont trop lourdes. Mon cerveau est dans le brouillard. Le réveil sonne de nouveau. Je voudrais le faire taire mais ma main ne se soulève pas. Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé entre les deux sonneries. Y en a-t-il eu entre et que je n’ai pas entendues ? Mon corps est lourd, j’ai l’impression d’être incrusté dans le matelas. Je tente de rassembler mes idées. Je sens mes bras, mes jambes, ma tête. Mon cou me fait mal. Sans doute parce que je suis couché sur le ventre et que ma tête est tournée à l’extrême sur le côté droit, pour pouvoir respirer. Je parviens à localiser chaque élément de mon corps mais pas à les bouger. Je suis comme paralysé. L’espace d’un instant, je me demande pourquoi, comment, qu’est-ce qui m’arrive pour que je ne puisse pas bouger, mais un mal de crâne carabiné m’attaque d’un coup et au milieu d’impressions nébuleuses, le souvenir d’avoir lâché des mains ma bouteille au moment de m’écrouler sur le lit me revient. Ma bouteille, où est-elle ? Je parviens à bouger quelques doigts de la main droite. Je ne sais pas combien. Je m’aperçois que ma main touche le sol. Je dois Marie-Christine L’Heureux, lettre d’adieu et autres nouvelles, Double Face 2 être allongé juste au bord du lit. Mes doigts mobiles se déplacent lentement sur la moquette. A tâtons, je cherche quelque chose, je ne sais pas exactement quoi.
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