CHAT PERCHE - Mademoiselle Eléonore, s’exclama la baronne, voyons, vous n’avez plus dix ans. Vous êtes maintenant une adolescente... Il ne saurait être question de poursuivre vos jeux d’enfants avec Albin et Charles-André. Vous avez passé l’âge ! La ravissante blondinette sent les larmes lui monter aux yeux. Elle essaie de discuter. - Mais, mère, vous ne pouvez pas m’interdire d’aller dans le parc et de profiter de notre cabane. - C’est exactement ce que je viens de vous dire. Terminés les jeux de sauvageons. Une demoiselle de votre rang ne grimpe pas aux arbres, ne se roule pas dans la boue et surtout ne reste pas des après-midi entières avec des gamins mal dégrossis qui ne risquent pas de lui apprendre les bonnes manières. - Mais... - Il n’y a pas de mais, Mademoiselle Eléonore. Vous serez désormais consignée dans votre chambre et n’en sortirez qu’en ma compagnie ou sous la surveillance d’Adèle, notre fidèle cuisinière. Et que je ne vous surprenne pas à essayer de revoir les deux chenapans que vous fréquentiez enfant. - Ma mère, ayez pitié. Ce sont mes seuls amis. Nous sommes tellement isolés au château... - Et j’ai décidé qu’à la rentrée, vous iriez poursuivre vos études dans l’internat des dominicaines de Champlieu, déclara la baronne imperméable à tout argument. Ce jour marqua la fin de l’enfance pour Eléonore Villedieu d’Arbanville, Charles-André Riguebie et Albin Lechat que l’on surnommait les inséparables.
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