Le Centenaire de DiafoirusArmand Silvestre(Histoires belles et honnestes)1883IM. le bourgmestre de la ville de Rops, obstinément oubliée sur les cartes deBelgique par les géographes, se creusait depuis longtemps la tête pour inventerune solennité locale qui fît un peu parler de cette cité délaissée. Un jour, enfin, encompulsant, pour la centième fois, les archives municipales, il acquit, à fort peuprès, la preuve que le célèbre Diafoirus, immortalisé par Molière, était né dans lesenvirons de Rops. Il ne lui en fallut pas davantage. Il y avait certainement plus decent ans que ce remarquable praticien était mort ; mais, comme on avait oublié delui rendre publiquement hommage à cette occasion, M. le bourgmestre pensa quecet acte d’indifférence pouvait être mis sur le compte d’un simple retard, et il fitsavoir urbi et orbi, par la voie des journaux et des prospectus, que le centenaire dupère à Thomas serait fêté par des réjouissances inouïes. Congrès, orphéons,discours, arcs triomphaux, banquets, chevaux de bois, chars allégoriques,représentations théâtrales, feux d’artifice, rien ne devait manquer à ce programmeglorieux. Tous les corps médicaux de l’Europe résolurent immédiatement de s’yfaire représenter. Notre Académie ne fut pas une des moins empressées, etdésigna le docteur Lenflé du Pétard pour cette mission, d’ailleurs fort recherchée.Bien que fort jeune encore, le docteur Lenflé du Pétard s’était fait une rapiderenommée par plusieurs décès ...
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