E. T. A. Hoffmann — C o n t e sBonheur au jeu1820BONHEUR AU JEUTraduit par Henry Egmont> Pyrmont fut plus fréquenté que jamais dans l’été de l’année 18…. L’affluenced’étrangers riches et de distinction augmentait de jour en jour, et stimulait le génieentreprenant des spéculateurs de toute espèce. Aussi les banquiers du Pharaoneurent grand soin de multiplier les piles de ducats plus que de coutume, etd’entasser devant eux assez d’or pour que l’appât fût relatif au gibier plus noblequ’en chasseurs adroits et consommés, ils comptaient attirer dans leurs filets.Qui ne sait pas que dans ces réunions des bains, où chacun, distrait de seshabitudes, se livre avec préméditation à une oisiveté indépendante, et n’a soucique des plaisirs qui délassent l’esprit, le charme attrayant du jeu devient irrésistible.On voit alors des gens, qui hors de là ne touchent jamais une carte, assis autour dutapis vert comme les joueurs les plus zélés ; et d’ailleurs le bon ton exige, du moinsdans la classe la plus distinguée, qu’on se montre chaque soir dans les salons dejeu, et qu’on y perde quelque argent.Un jeune baron allemand, — nous l’appellerons Siegfried, — semblait seul ne teniraucun compte de ce charme irrésistible, ni de cette règle du bon ton. Lorsque toutle monde se pressait au rendez-vous du jeu, et qu’on lui enlevait ainsi touteressource, tout espoir d’un entretien agréable, ce qui lui plaisait par-dessus tout, ilpréférait encore suivre le jeu de ses propres ...
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