Angéline de MontbrunLaure Conan1884« L’avez-vous cru que cette vie fut la vie ? »LACORDAIRE.(Maurice Darville à sa sœur)Chère Mina,Je l’ai vue — j’ai vu ma Fleur des Champs, la fraîche fleur de Valriant, — et, crois-moi, la plus belle rose que le soleil ait jamais fait rougir ne mériterait pas de lui êtrecomparée. Oui, ma chère, je suis chez M. de Montbrun, et je t’avoue que ma maintremblait en sonnant à la porte.— Monsieur et Mademoiselle sont sortis, mais ne tarderont pas à rentrer, me dit ladomestique qui me reçut ; et elle m’introduisit dans un petit salon très simple et trèsjoli, où je trouvai Mme Lebrun, qui est ici depuis quelques jours.J’aurais préféré n’y trouver personne. Pourtant je fis de mon mieux. Mais l’attenteest une fièvre comme une autre.J’avais chaud, j’avais froid, les oreilles me bourdonnaient affreusement, et jerépondais au hasard à cette bonne Mme Lebrun qui me regardait avec l’airindulgent qu’elle prend toujours lorsqu’on lui dit des sottises.Enfin, la porte s’ouvrit, et un nuage me passa sur les yeux Angéline entrait suivie deson père. Elle était en costume d’amazone, ce qui lui va mieux que je ne sauraisdire. Et tous deux me reprochèrent de ne pas t’avoir emmenée, comme s’il y avaitde ma faute.Pourquoi t’es-tu obstinée à ne pas m’accompagner ? Tu m’aurais été si utile. J’aibesoin d’être encouragé.Le souper s’est passé heureusement, c’est-à-dire j’ai été amèrement stupide ;mais je n’ai rien renversé, et dans l’état de ...
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