Revue musicale — Quatrième trimestre 1841Revue des Deux Mondes4ème série, tome 28Revue musicale/1841/4Les Italiens sont revenus, et cette fois sans Rubini. On se souvient de l’émotionprofonde qui s’empara, l’an dernier, du monde dilettante lorsque, sur la fin de lasaison musicale, le bruit se répandit que le prince des ténors abandonnait pourtoujours notre scène. Eh bien ! qui le croirait ? quelques mois se sont à peineécoulés, et l’on n’y pense déjà plus, et cette perte immense dont il semblait qu’onallait faire un deuil éternel, on s’étonne de jour en jour de la supporter avec tant decalme et de résignation. Si quelques vieux abonnés émérites prennent la chose ausérieux, s’indignent à voix haute des applaudissemens donnés au nouveau virtuoseet prétendent y voir autant de soufflets à l’illustre démissionnaire, la salle entièreprend son malheur en patience et ne demande qu’à se consoler. Il en sera de cegrand fléau comme de tous les fléaux qui nous frappent, et que nous ressentonsplutôt par l’idée de la privation que par la privation elle-même. Voilà certes un grandsujet d’étude pour les gens qui passent leur vie à méditer sur les grandeurshumaines. Quoi qu’il en soit, jamais cette parole des humanitaires : que l’individu necompte pas, n’aura reçu encore d’affirmation plus solennelle ; car, s’il y a un lieu aumonde où l’individu puisse être quelque chose, c’est à coup sûr le théâtre, le théâtreItalien du moins, où, comme chacun sait, on écrit un opéra ...
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