Revue Littéraire de la Grande BretagnePhilarète ChaslesRevue des Deux MondesTome 29, 1842Revue littéraire de la Grande Bretagne, 1842Le néant des grands faits littéraires est devenu complet en Angleterre; la Grande-Bretagne ne vit que de détail. Sous le coup de fouet incessant de trois mille etquelques journaux, la civilisation de l’Europe sommeille. Montrez-moi où sont lesByron de l’Angleterre, les Walter Scott de l’Écosse, les Goethe de l’Allemagne etles Pellico de l’Italie. La fusion de tous les peuples et de toutes les langues, depuisles confins de la Russie jusqu’aux Orcades, depuis Cadix jusqu’à la Dalmatie,s’opère tristement, lentement, avec une sorte de paresse active et de petit bruitcontinu. Tous ces ruisseaux ou ces fleuves, ayant coulé pendant long-temps dansun lit fertile ou abrupte, ont fini par trouver une même pente, d’où ils s’écoulent versun fond commun; là leurs eaux vont se réunir, moins pures, moins limpides, moinsmurmurantes, sans caractère et sans couleur. Bientôt ce grand lac de la littératureeuropéenne absorbera toutes les nuances. L’Italie et l’Espagne s’y sont précipitéesles premières; on fait des romans métaphysiques à Venise; on écrit des mythes àFlorence; le conte historique, embelli, de costumes et d’antiquités, se fait jour àMadrid. Les mêmes échanges s’opèrent vers le Nord : l’Angleterre nous empruntele roman furieux, l’Allemagne essaie la popularisation de l’économie politique. Ilparaît à Londres des drames ...
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