Revue des Deux Mondes, tome 3, 1843Revue littéraire. 3ème trim. 1843Revue littéraire, 1843 - III[1]Napoléon et Marie-Louise, souvenirs historiques de M. le baron Meneval Comme presque tous les Mémoires de cette époque héroïque, le livre de M. Meneval commence avec un bruit de fêtes, unretentissement de clairons, une vive et radieuse lueur de magnifiques espérances. Napoléon n’est encore que le général Bonaparte,mais il est déjà l’idole de la France. Il est en Égypte ; on le rappelle, on l’attend de jour en jour ; tous les yeux sont tournés vers laMéditerranée. L’Angleterre est là, guettant sa proie. L’amiral Brueïs et Massaredo, l’amiral espagnol, ont quarante-deux vaisseaux ;mais les Anglais en ont soixante, et ils ont de plus le prestige d’Aboukir. Si la lutte s’engage, le jeune capitaine qui avait rêvé l’empired’Orient ira peut-être mourir sur quelque ponton. Véritablement, l’anxiété dut être grande et profonde.Tout à coup, pendant que la flotte espagnole est encore à Carthagène, radoubant ses navires maltraités par la tempête, tandis queBrueïs attend des forces suffisantes pour tenter une lutte si hasardeuse, le Muiron et le Carrera quittent l’Égypte, longent pendantvingt-trois jours la côte africaine, et, après mille dangers, abordent en Corse. Jusque-là, et pendant la traversée qui restait encore, ledestin de la France se jouait sur ces deux pauvres frégates, exposées à tous les périls, menacées par les élémens, proie facile pourles croiseurs ...
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