Revue LittéraireMémoires de BarèreL a d e tRevue des Deux Mondes4ème série, tome 31, 1842Revue littéraire/1842/Mémoires de BarèreIl y a dix-huit mois environ, Barère s’est doucement éteint dans la ville de Tarbes, sapatrie, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans ; il est mort obscur et paisible, comme tousceux que le hasard a préservés des vengeances des temps de lutte, et que l’oubliprotège dans la solitude de la vie privée. On a fait silence autour de sa tombe, carpour les contemporains cet homme du passé était depuis long-temps entré dans ledomaine de l’histoire ; à peine si la presse quotidienne a songé à consacrerquelques lignes à ce mince épisode. Barère sur son lit de mort, c’était moinsqu’une individualité, tout au plus un pâle souvenir de cet immense drame de 89,déjà si vieux ; il se serait agi d’un ancien conseiller au parlement sous la royautéabsolue, ou d’un simple dignitaire de l’empire, comme nous en voyons mourir tousles jours, que le public n’eût pas été moins ému. Et cependant le vieillard de Tarbesavait joué un assez brillant rôle à la surface de la révolution ; il avait siégé autour dutapis vert de ce fameux comité de salut public qui a marqué son passage en lettresindélébiles dans nos annales, et qui conservera dans l’avenir le titre de grand, M.Berryer l’a dit lui-même dans une discussion solennelle, parce qu’il sauva l’unitéfrançaise. Barère en a été, pendant une année féconde en sanglantescatastrophes, l’orateur privilégié et le ...
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