Raison et religionLéon TolstoïÀ ceux qui demandent mon opinion à savoir s’il est désirable de s’efforcerd’atteindre une conscience complète de sa vie spirituelle intérieure à l’aide de laraison, et d’exprimer les vérités ainsi atteintes en langage défini, je répondraispositivement, affirmant que chaque homme, afin d’accomplir sa destinée sur terre,et d’atteindre le vrai bien-être, - les deux sons synonymes – doit continuellementexercer toutes ses facultés mentales à résoudre pour lui-même et exprimerclairement les fondements religieux sur lesquels il vit –c’est-à-dire le sens de sa vie.J’ai souvent trouvé parmi les travailleurs illettrés qui avaient à s’occuper demesures cubiques, une conviction que les calculs mathématiques sont faux et qu’ilne faut pas s’y fier. Qu’elle provienne de l’ignorance des mathématiques, ou du faitque ceux responsables des calculs les aient souvent trompés, avec ou sansintention de le faire, la conviction que la mathématique est peu fiable et sans valeurpour les besoins de mesures s’est enracinée parmi les travailleurs illettrés, et estdevenue pour eux un fait incontestable.L’opinion similaire a court parmi les hommes – je dirais hardiment, manquant devrais sentiments religieux, – que la raison n’est pas à la hauteur de la solution desquestions religieuses, que l’application de la raison à de telles questions est lasource la plus féconde d’erreur, et que la solution de telles questions à l’aide de laraison est un péché ...
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