Profession de foi électorale de 1849
Frédéric Bastiat
À MM. Tonnelier, Oegos, Bergeron, Camors, Oubroca,
Pomeoe, Fauret, etc.
1849.
Mes Amis,
Merci pour votre bonne lettre. Le pays peut disposer de moi comme il l’entendra ;
votre persévérante confiance me sera un encouragement… ou une consolation.
Vous me dites qu’on me fait passer pour un socialiste. Que puis-je répondre ? Mes
écrits sont là. À la doctrine de Louis Blanc n’ai-je pas opposé Propriété et Loi ; à la
doctrine de Considérant, Propriété et Spoliation ; à la doctrine Leroux, Justice et
Fraternité ; à la doctrine Proudhon, Capital et Rente ; au comité Mimerel,
Protectionnisme et Communisme ; au papier-monnaie, Maudit Argent ; au
Manifeste Montagnard, L’Etat ? — Je passe ma vie à combattre le socialisme. Il
serait bien douloureux pour moi qu’on me rendît cette justice partout, excepté dans
le département des Landes.
On a rapproché mes votes de ceux de l’extrême gauche. Pourquoi n’a-t-on pas
signalé aussi les occasions où j’ai voté avec la droite ?
Mais, me direz-vous, comment avez-vous pu vous trouver alternativement dans deux
camps si opposés ? Je vais m’expliquer.
Depuis un siècle, les partis prennent beaucoup de noms, beaucoup de prétextes ;
au fond, il s’agit toujours de la même chose : la lutte des pauvres contre les riches.
Or, les pauvres demandent plus que ce qui est juste, et les riches refusent même
ce qui est juste. Si cela continue, la guerre sociale, dont nos pères ont vu le premier
acte en 93, dont ...
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