*Zim-Zizimi, soudan d’Égypte, commandeurDes croyants, padischah qui dépasse en grandeurLe césar d’Allemagne et le sultan d’Asie,Maître que la splendeur énorme rassasie,Songe : c’est le moment de son festin du soir ;Toute la table fume ainsi qu’un encensoir ;Le banquet est dressé dans la plus haute crypteD’un grand palais bâti par les vieux rois d’Égypte ;Les plafonds sont dorés et les piliers sont peints ;Les buffets sont chargés de viandes et de pains,Et de tout ce que peut rêver la faim humaine ;Un roi mange en un jour plus qu’en une semaineLe peuple d’Ispahan, de Byzance et de Tyr ;Et c’est l’art des valets que de faire aboutirLa mamelle du monde à la bouche d’un homme ;Tous les mets qu’on choisit, tous les vins qu’on renomme,Sont là, car le sultan Zizimi boit du vin ;Il rit du livre austère et du texte divinQue le derviche triste, humble et pâle, vénère ;L’homme sobre est souvent cruel, et, d’ordinaire,L’économe de vin est prodigue de sang ;Mais Zim est à la fois ivrogne et malfaisant.Ce qui n’empêche pas qu’il ne soit plein de gloire.Il règne ; il a soumis la vieille Afrique noire ;Il règne par le sang, la guerre et l’échafaud ;Il tient l’Asie ainsi qu’il tient l’Afrique ; il fautQue celui qui veut fuir son empire, s’exileAu nord, en Thrace, au sud, jusqu’au fleuve Baxile ;Toujours vainqueur, fatal, fauve, il a pour vassauxLes batailles, les camps, les clairons, les assauts ;L’aigle en l’apercevant crie et fuit dans les roches.Les ...
Voir