IL'être mystérieux qui me parle à ses heuresDisait : * — Vivants ! l'orgueil habite vos demeures.Il fait nuit dans votre cité !Le ciel s'étonne, ô foule en vices consumée,Qu'il sorte de la paille en feu tant de fumée,De l'homme tant de vanité !Tu regardes les cieux de travers, triste race !Tu ne te trouves pas sous l'azur à ta place.Tu te plains, homme, ombre, roseau !Balbutiant : Peut-être, et bégayant : Que sais-je ?Tu reproches le soir à l'aube, au lys la neige,Et ton sépulcre à ton berceau !Tu reproches à Dieu l'œuvre incommensurable.Tu frémis de traîner sur ton dos misérableTes vieux forfaits mal expiés,D'être pris dans ton ciel comme en un marécage,Et de sentir, ainsi qu'un écureuil en cage,Tourner ta prison sous tes pieds !Homme, si tu pouvais, tu tenterais l'espace.Ce globe, si ta force égalait ton audace,S'évaderait sous ton orteil,Et la création irait à l'aventureSi ton souffle pouvait, ô folle créature,Casser l'amarre du soleil !Car rien n'est à ton gré ; tout te met mal à l'aise.Ce coin du ciel est donc fait de plomb, qu'il te pèse !Oh ! tu voudrais rompre le sceau !Comme tu frapperais dans tes mains, ombre frêle,Pour la faire envoler de sa branche éternelle,Si la terre était un oiseau !Hautain, dédaignant tout, que ta nef vogue ou sombre,Tu voudrais t'en aller dans le désert de l'ombre,Fuir, comme fuyaient les Hébreux.Tu dis : Rien de nouveau ...
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