Victor Hugo — Les Voix intérieuresSunt Lacrymae rerumIIl est mort. Rien de plus. Nul groupe populaire,urne d'où se répand l'amour ou la colère,n'a jeté sur son nom pitié, gloire ou respect.Aucun signe n'a lui. Rien n'a changé l'aspectDe ce siècle orageux, mer de récifs bordée,Où le fait, ce flot sombre, écume sur l'idée.Nul temple n'a gémi dans nos villes. Nul glasN'a passé sur nos fronts criant : hélas ! hélas !La presse aux mille voix, cette louve hargneuse,A peine a retourné sa tête dédaigneuse ;Nous ne l'avons pas vue, irritée et grondant,Donner à cette pourpre un dernier coup de dents.Et chacun vers son but, la marée à la grève,La foule vers l'argent, le penseur vers son rêve,Tout a continué de marcher, de courir,Et rien n'a dit au monde : Un roi vient de mourir !IISombres canons rangés devant les Invalides,Comme les sphinx au pied des grandes pyramides,Dragons d'airain, hideux, verts, énormes, béants,Gardiens de ce palais, bâti pour des géants,Qui dresse et fait au loin reluire à la lumièreUn casque monstrueux sur sa tête de pierre !A ce bruit qui jadis vous eût fait rugir tous- Le roi de France est mort ! – d'où vient qu'aucun de vous,Comme un lion captif qui secouerait sa chaîne,Aucun n'a tressailli sur sa base de chêne,Et n'a, se réveillant par un subit effort,Dit à son noir voisin : - Le roi de France est mort ! –D'où vient qu'il s'est fermé sans vos salves funèbres,Ce cercueil qu'on clouait là-bas dans les ténèbres ?Et que ...
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