Louisa Siefert — Rayons perdusSouvenirs d’enfance Plus ne suis ce que j’ai été.M a r o t.Il me semble parfois que ma plaie est guérie :Et, souriant encore, je regarde au miroirRevenir doucement mon enfance fleurie.Je ne sais pas comment, mais je crois la revoirCe qu’elle était hier, toute rose et paisible,Avec son ignorance, avec son fol espoir.Une ride aujourd’hui court, à peine sensible,De l’une à l’autre tempe en fugitif sillon,Et rien n’effacera cette ligne invisible.Non, rien : la vie en vain perdrait son aiguillon,J’échapperais en vain au tourment qui m’accable,Comme devant l’oiseau s’enfuit le papillon ;Ni l’oubli, ni la paix, ni l’amour ineffableNe combleront ce pli fait en quelques instants.J’aurai toujours présent ce témoin implacable.Et, cependant, mon Dieu ! je n’ai que dix-huit ans !Qui le croirait, à voir des larmes sur ma joueEt cette ride au front creusée avant le temps ?Ah ! je me ressouviens de la méchante moueQue je faisais jadis au seul mot d’obéir.— N’était-ce pas hier ? je m’y perds, je l’avoue.Tout enfant, dans ce coin je venais me blottir,A petits pas, sans bruit, serrant fort ma poupéeContre moi ; je pensais qu’elle eût pu me trahir.Et j’y restais longtemps toute préoccupée,Écoutant, retenant, commentant au hasardTout ce dont mon oreille avait été frappée.Et lorsqu’en ma cachette il venait un regard,Furieuse, enrageant d’avoir été surprise,Je m’enfuyais avec mon dépit à l’écart.Plus tard je me retrouve, au ...
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