Victor Hugo — Les Chansons des rues et des boisSenior et junior IX I Comme de la source on dévie ! Qu'un petit-fils ressemble peu ! Tacite devient Soulavie. Hercle se change en Palsembleu. La lyre a fait les mandolines ; Minos a procréé Séguier ; La première des crinolines Fut une feuille de figuier. L'amour pour nous n'est présentable Qu'ivre, coiffé de son bandeau, Sa petite bedaine à table ; L'antique amour fut buveur d'eau. La Bible, en ses épithalames, Bénit l'eau du puits large et rond. L'homme ancien ne comprend les femmes Qu'avec des cruches sur le front. Agar revient de la fontaine, Sephora revient du torrent, Sans chanter tonton mirontaine, Le front sage, et l'oeil ignorant. La citerne est l'entremetteuse Du grave mariage hébreu. Le diable l'emplit et la creuse ; Dieu dans cette eau met le ciel bleu. Beaux jours. Cantique des cantiques ! Oh ! les charmants siècles naïfs ! Comme ils sont jeunes, ces antiques ! Les Baruchs étaient les Baïfs. C'est le temps du temple aux cent marches, Et de Ninive, et des sommets Où les anges aux patriarches Offraient, pensifs, d'étranges mets. Ézéchiel en parle encore ; Le ciel s'inquiétait de Job ; On entendait Dieu dès l'aurore Dire : As-tu déjeuné, Jacob ? II Paix et sourire à ces temps calmes ! Les nourrices montraient leurs seins ; Et l'arbre produisait des palmes, Et l'homme produisait des saints. Nous sommes ...
Voir