Louisa Siefert — Rayons perdusQuand même Deux hommes sont en lui, deux hommes bien distincts,L’homme des préjugés et celui des instincts :L’un fantasque, inquiet, irritable, sceptique,Volontaire, dur même et quelquefois cynique ;L’autre tout dévoûment et générosité,Patience, douceur, délicate bonté,Esprit étincelant, charme, attachante grâce,Tout ce qui prend le cœur et pour jamais l’enlace.Autant le premier blesse, autant l’autre séduit.Contraste inexpliqué ! C’est le jour et la nuit,C’est la compassion avec l’indifférence,C’est le faux et la vrai sous la même apparence,La défiance unie à la naïveté,La volonté tenace à l’instabilité,Labyrinthe, dédale, âme pleine d’abîme,Qui plaît sans le vouloir et fait mourir sans crime,Qui répond à chacun par un rire moqueur.Voilà pourtant celui qui m’a touché le cœur !Ah ! si Dieu m’eût permis d’avoir part à sa vie,Je n’avais d’autre but, je n’avais d’autre envie(Et j’en atteste ici mon invincible amour !)Que d’épurer sans cesse et d’amener au jourTout ce que cet enfant gâté de la natureAu jour de sa naissance a reçu sans mesure ;Tout ce qu’en son erreur il écarte aujourd’huiEt tout ce qu’il étouffe ou fera taire en lui,Jusqu’à l’heure prévue où son âme lasséeN’aura pour le combat ni force ni pensée.Oh ! d’un sommeil mortel le voir là s’endormirSans pouvoir rien de plus que prier et gémir !Mon Dieu ! qu’ai-je donc fait pour qu’il m’ait condamnéeA ce supplice affreux qui grandit chaque année ?Dans ...
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