Ode à M. le comte de Bussy de Bourgogne

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Honorat de BueilŒuvres complètesÀ M. le comte de Bussy de BourgogneÀ M. LE COMTE DE BUSSY DE BOURGOGNE.Ode.Bussy, notre printemps s’en va presque expiré,Il est temps de joüir du repos asseuréOù l’âge nous convie :Fuyons donc ces grandeurs qu’insensez nous suivons,Et, sans ...
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Honorat de Bueil Œuvres complètes À M. le comte de Bussy de Bourgogne
À M. LE COMTE DE BUSSYDE BOURGOGNE. Ode.
Bussy, notre printemps s’en va presque expiré, Il est temps de joüir du repos asseuré Où l’âge nous convie : Fuyons donc ces grandeurs qu’insensez nous suivons, Et, sans penser plus loin, joüissons de la vie Tandis que nous l’avons.
Donnons quelque relasche à nos travaux passez ; Ta valeur et mes vers ont eu du nom assez. Dans le siecle où nous sommes, Il faut aimer nostre aise, et, pour vivre contens, Acquerir par raison ce qu’enfin tous les hommes Acquierent par le temps.
Que te sert de chercher les tempestes de Mars, Pour mourir tout en vie au milieu des hazards Où la gloire te mene ? Cette mort qui promet un si digne loyer N’est toûjours que la mort qu’avecque moins de peine L’on trouve en son foyer.
Que sert à ces galants ce pompeux appareil Dont ils vont dans la lice ébloüir le soleil Des trésors du Pactole ? La gloire qui les suit aprés tant de travaux Se passe en moindre temps que la poudre qui vole 1 Du pied de leurs chevaux.
À quoy sert d’élever ces murs audacieux Qui de nos vanitez font voir jusques aux cieux Les folles entreprises ? Maints chasteaux, accablez dessous leur propre fais, Enterrent avec eux les noms et les devises De ceux qui les ont faits.
Employons mieux le temps qui nous est limité ; Quittons ce fol espoir par qui la vanité Nous en fait tant accroire. Qu’amour soit desormais la fin de nos desirs ; Car pour eux seulement les Dieux ont fait la gloire, Et pour nous les plaisirs.
Heureux qui, dépoüillé de toutes passions, Aux loix de son païs régle ses actions Exemptes d’artifice ! Et qui, libre du soin qui t’est trop familier, Aimeroit mieux mourir dans les bras d’Artenice 2 Que devant Montpelier!
1. Voltaire cite ces deux strophes comme remarquablement belles ; mais, suivant un fort mauvais usage, pratiqué pendant longtemps, il rajeunit, dans la première, la préposition avecque, en complétant ainsi le vers :avec bien moins de peine, et il remplace dans la seconde le motgalants parcelui dehéros, qui, en effet, vaudroit mieux aujourd’hui. Comme il faut avoir, de nos jours, quelque courage pour prononcer le nom de Florian lors u’ils’a itde matières littérairesnous n’avonsas osé lui re rocher d’avoirdans
une citation de sonEssai sur la pastorale, altéré les beaux vers :Heureux qui vit en paix du lait de ses brebismais, puisque nous prenons Voltaire sur le fait, il doit nous être ; permis de rappeler le tort de l’un à l’occasion du tort de l’autre.
2. C’est là une sorte de préface des stances sur la retraite. Il est encore un peu question, dans cette pièce, d’amour et de plaisirs, mais l’on pressent déjà par le ton général qu’après quelques pas de plus dans la vie, le poète s’écriera :
Thirsis, il faut songer à faire la retraite !
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