Ô fols des fols

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— Michault le Caron — Michault le CaronO folz des folz Ô fols des folsVersion originale en moyen français (XVe siècle) Orthographe moderniséeO folz des folz, et les folz mortelz hommes, Ô fols des fols, et les fols mortels hommes,Qui vous fiez tant es biens de fortune Qui vous ...
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Français

Michault le Caron
O folz des folz
Version originale en moyen français (XVe siècle)
O folz des folz, et les folz mortelz hommes, Qui vous fiez tant es biens de fortune En celle terre et pays ou nous sommes, Y avez vous de chose propre aucune ? Vous n’y avez chose vostre nesune Fors les beaulx dons de grace et de nature. Se fortune donc, par cas d’aventure, Vous toult les biens que vostres vous tenez, Tort ne vous fait, ainçois vous fait droicture, Car vous n’aviez riens quant vous fustes nez. Ne laissez plus le dormir a grans sommes En vostre lict, par nuit obscure et brune, Pour acquester richesses a grans sommes, Ne convoitez chose dessoubz la lune, Ne de Paris jusques a Pampelune, Fors ce qu’il fault, sans plus, a creature Pour recouvrer sa simple nourriture ; Souffise vous d’estre bien renommez, Et d’emporter bon loz en sepulture : Car vous n’aviez riens quant vous fustes nez. Les joyeulx fruitz des arbres, et les pommes, Au temps que fut toute chose commune, Le beau miel, les glandes et les gommes Souffisoient bien a chascun et chascune, Et pour ce fut sans noise et rancune. Soyez contens des chaulx et des froidures, Et me prenez Fortune doulce et seure. Pour voz pertes, griefve dueil n’en menez, Fors a raison, a point, et a mesure, Car vous n’aviez riens quant vous fustes nez. Se fortune vous fait aucune injure, C’est de son droit, ja ne l’en reprenez, Et perdissiez jusques a la vesture : Car vous n’aviez riens quant vous fustes nez.
Michault le Caron
Ô fols des fols
Orthographe modernisée
Ô fols des fols, et les fols mortels hommes, Qui vous fiez tant ès biens de fortune En celle terre et pays où nous sommes, Y avez-vous de chose propre aucune ? Vous n’y avez chose vôtre nesune Fors les beaux dons de grâce et de nature. Si fortune donc, par cas d’aventure, Vous toult les biens que vôtres vous tenez, Tort ne vous fait, ainsois vous fait droiture, Car vous n’aviez rien quand vous fûtes nés. Ne laissez plus le dormir à grands sommes En votre lit, par nuit obscure et brune, Pour acquester richesses à grands sommes, Ne convoitez chose dessous la lune, Ni de Paris jusques à Pampelune, Fors ce qu’il faut, sans plus, à créature Pour recouvrer sa simple nourriture ; Suffise vous d’être bien renommés, Et d’emporter bon loz en sépulture : Car vous n’aviez rien quand vous fûtes nés. Les joyeux fruits des arbres, et les pommes, Au temps que fut toute chose commune, Le beau miel, les glandes et les gommes Suffisaient bien à chacun et chacune, Et pour ce fut sans noise et rancune. Soyez contents des chauds et des froidures, Et me prenez Fortune douce et sure. Pour vos pertes, grieve deuil n’en menez, Fors à raison, à point, et à mesure, Car vous n’aviez rien quand vous fûtes nés. Si fortune vous fait aucune injure, C’est de son droit, jà ne l’en reprenez, Et perdissiez jusques à la vêture : Car vous n’aviez rien quand vous fûtes nés.
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