Gustave Le Vavasseur — Études d’après natureCARACTÈRES ET PORTRAITS RUSTIQUES. — LES HOMMES.MarieMARIEMarie a dix-huit ans du mois de Février. Son linge est dans l’armoire, on peut la marier,Avant l’août, si l’on veut. C’est un beau brin de fille,Un peu haute à la main, brune. C’est de famille. Ses gens vont devant eux au sentier de l’honneurSans un nuage au front, sans un brouillard au cœur.Leurs ancêtres, rompus à la besogne austère,D’aïeul en petit-fils ont labouré la terre.Résignés, courageux à souffrir, courageuxÀ mourir, routiniers, illettrés, ombrageux,Obstinés par devoir à suivre leur ornière,Ces bonnes gens étaient nobles à leur manièreEt, plus fiers de leur nom tout nu que d’un blason,Gardaient la vanité de leur pauvre maison. Ils transmettaient leurs biens aux aînés des familles,Faisaient chère aux garçons et dédaignaient les filles ;Ils prenaient toutefois le soin particulierDe s’en débarrasser sans les mésallier,Aimaient à les doter à la mode normande,D’un bouquet, accueillaient volontiers la demandeQue leur faisaient parfois les jeunes héritiers,Mais il fallait d’abord prouver trente quartiersDe probité ; jamais ici de défaillances,La famille est sans tache et dans ses alliancesElle a fait constamment passer jusqu’à ce jourL’honneur avant l’argent et même avant l’amour. Mais on a beau fermer sa porte et sa fenêtre,Le vent qui vient du siècle est subtil ; il pénètreDans les murs à travers les joints qu’il ...
Voir