— Lord ByronLes Ténèbres1816Traduit par Paulin ParisJ’eus un rêve qui n’était pas tout-à-fait un rêve. L’astre brillant du jour était éteint ;les étoiles, désormais sans lumière, erraient à l’aventure dans les ténèbres del’espace éternel ; et la terre refroidie roulait, obscure et noire, dans une atmosphèresans lune. Le matin venait et s’en allait, — venait sans ramener le jour : les hommesoublièrent leurs passions dans la terreur d’un pareil désastre ; et tous les cœursglacés par l’égoïsme n’avaient d’ardeur que pour implorer le retour de la lumière.On vivait près du feu : — les trônes, les palais des rois couronnés, — les huttes, leshabitations de tous les êtres animés, tout était brûlé pour devenir fanal. Les villesétaient consumées, et les hommes se rassemblaient autour de leurs demeuresenflammées pour s’entre-regarder encore une fois. Heureux ceux qui habitaientsous l’œil des volcans, et qu’éclairait la torche du cratère ! Il n’y avait plus dans lemonde qu’une attente terrible. Les forêts étaient incendiés ; — mais, d’heure enheure, elles tombaient et s’évanouissaient ; — Les troncs qui craquaients’éteignaient avec fracas ; — et tout était noir. Les figures des hommes près de cesfeux désespérés, n’avaient plus une apparence humaine, quand par hasard unéclair de lumière y tombait. Les uns étendus par terre, cachaient leurs jeux etpleuraient ; les autres reposaient leurs mentons sur leurs mains entrelacées, etsouriaient ; d’autres enfin couraient ...
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