Louisa Siefert — Rayons perdusLes Remembrances Il n’est si triste amour qui n’ait son souvenir.A. de Musset.Quel glas de désespoir résonne à mon oreille ?Je souffre ; mon front brûle et mon corps est transi.N’aura-t-il point pitié de mes trois ans de veille,D’angoisse & de souci ?Depuis trois ans, je crains le coup qui me menace :Celui que j’aime tant repousse mon amour,Et l’âpre sentiment de sa froideur tenaceM’accable nuit et jour.Le danger, qui depuis trois ans sans cesse planeSur ma tête courbée, est aujourd’hui présent :Je n’ai pas entendu l’arrêt qui me condamne,Mais mon cœur le pressent.Le gémissement sourd du vent, l’heure qui sonne,Le cri de la chouette entendu dans la nuit,La porte que soudain l’on ouvre… je frissonne,J’ai peur du moindre bruit.Hélas ! étaient-ce donc de fausses apparencesQue tous ces mots si doux, promesses d’avenir,Sur qui j’avais fondé toutes les espérancesDont il veut me punir ?Non, non, c’est impossible et je ne puis le croire,Ce qu’il a fait pour moi dément sa cruauté.J’écoute les récits que me fait ma mémoireSur ce temps enchanté.Lorsqu’il m’avait souri, qu’il m’avait regardée,Quand par hasard sa main avait touché ma main,Je me sentais de calme et de joie inondéeJusques au lendemain.Quoi de plus naturel qu’il fût tout dans ma vie,Que mon désir prévînt sa visite du soir,Et que ma seule idée incessamment suivieFût toujours de le voir ?Même au loin il savait occuper ma pensée,Il écrivait souvent, il ...
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