Georges Rodenbach — Le Miroir du ciel natalLes Cygnes IÔ mai ! moment blanc de l’année !Mois des blancs unanimes,Des blancs ― comme neigés !Blanc des jardins et des vergers,Blanc des cygnes,Blancs unanimes !C’est le mois où les cygnes ont l’air en fleur,Tout extasiés,Comme des cerisiers ;On dirait des Premières Communiantes,Chœur virginalQui se pose moins qu’il n’effleure ;Et l’eau du canalLeur est un calme reposoirParé des linges de la lune et de vertes plantes.Même la nuit reste blanche comme un parloirGrâce à la complicité des cygnesQu’on dirait des Communiantes du matinDans un nonchaloirDe mousseline ;Et l’air a l’air divin !La lune repose sur l’eau ;― Ô secrètes analogies ! ―L’hostie aussi a un halo ;La lune aussi cache un visageComme l’hostie ;Et les cygnes en communientPour que la lune ajoute à leurs blancheurs insignes.Première Communion des cygnesDurant les nuits de mai ;Ô mai, moment blanc de l’année !Tout est parallèle ;Tout s’endimanche ;Les cerisiers font des groupes de robes blanches…Est-ce la Première Communion des arbres ?Les cygnes ont ouvert leur aileEn forme de harpes,Harpes de Lohengrin aux musiques d’argent.Ô mai ! Moment blanc de l’année !Symphonie en blanc !Toutes blancheurs ― l’une après l’une !Même la nuit reste éclairéeGrâce à la lune qui chemineEn falbalas de mousseline…Est-ce la Première Communion de la lune ?Ô mai ! Moment blanc de l’année !Ô mai ! Mois des blancs propagés :Blanc des âmes et ...
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