Victor Hugo — Les Chansons des rues et des boisLe Poëte bat aux champsIAux champs, compagnons et compagnes !Fils, j'élève à la dignitéDe géorgiques les campagnesQuelconques où flambe l'été !Flamber, c'est là toute l'histoireDu cœur, des sens, de la saison,Et de la pauvre mouche noireQue nous appelons la raison.Je te fais molosse, ô mon dogue !L'acanthe manque ? j'ai le thym.Je nomme Vaugirard églogue ;J'installe Amyntas à Pantin.La nature est indifférenteAux nuances que nous créonsEntre Gros-Guillaume et Dorante ;Tout pampre a ses Anacréons.L'idylle volontiers patoise.Et je ne vois point que l'oiseauPréfère Haliarte à PontoiseEt Coronée à Palaiseau.Les plus beaux noms de la SicileEt de la Grèce ne font pasQue l'âne au fouet soit plus docile,Que l'amour fuie à moins grand pas.Les fleurs sont à Sèvre aussi fraîchesQue sur l'Hybla, cher au sylvain ;Montreuil mérite avec ses pêchesLa garde du dragon divin.Marton nue est Phyllis sans voiles ;Fils, le soir n'est pas plus vermeil,Sous son chapeau d'ombre et d'étoiles,A Blanduse qu'à Montfermeil.Bercy pourrait griser sept sages ;Les Auteuils sont fils des Tempés ;Si l'Ida sombre a des nuages,La guinguette a des canapés.Rien n'est haut ni bas ; les fontainesLavent la pourpre et le sayon ;L'aube d'Ivry, l'aube d'Athènes,Sont faites du même rayon.J'ai déjà dit parfois ces choses,Et toujours je les redirai ;Car du fond de toutes les prosesPeut s'élancer le vers sacré.Si Babet a la gorge ...
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