Catulle Mendès — Le Parnasse contemporainLe Mystère du lotus Ta colère triomphe, ô Kâla ! nul refuge.Bleue encor des poisons de l'océan lacté,Ta sombre gorge avait amassé le déluge.Telle qu'un grand ravin par Marût habité,Ta narine profonde a soufflé la tourmenteSur l'incendie issu de ton œil irrité.Où sont les vastes cieux et la terre charmante ?Hélas ! toute la vie et toute la beautéGisent sous l'onde morne où le vent se lamente.Les vastes cieux, Indra, que baignait la clartéDes étoiles, ont fui dans la tempête noireComme un pavillon d'or par la bise emporté.Le Çwarga lumineux aux escaliers d'ivoireN'est plus. Les seuils de jaspe et les chars de cristalSont brisés. O vainqueur, qu'as-tu fait de ta gloire !Les Gandharwîs, orgueil charmant du ciel natal,Ont cessé d'agiter les nûpûras sonoresDe leurs pieds que dorait la poudre de cantal.Les Âçwins éclatants comme des météoresNe courbent plus au joug de leur char constelléLes Vaches aux poils roux qui portaient les Aurores ;Et la terre, Prisni, comme un bloc descellé,Avec ses pics hautains et ses plaines fertiles,On ne sait où, dans l'ombre, éperdue, a roulé,Tandis que, hérissant sa tête de reptileEt le pied sur les flancs des dragons, le Dieu noirBrandissait le Ciras, destructeur des sept Iles !Maintenant l'arme auguste a rempli son devoir.Au sein de l'Être unique, étang de quiétude,Brahmâ s'est endormi, voyant tomber le soir.Répudiant l'orgueil et la sollicitudeDe l'œuvre, il goûte, ...
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