Variétés historiques et littéraires, Tome XLe Louis d’or. À Mademoiselle de Scudéry. Avec une réponse de la même.Samuel Isarn16601Le Louis d’or .À Mademoiselle de Scudery.SAPHO, qui recevez de mille endroits diversTant de prose galante et d’agréables vers,Jettez les yeux sur cet ouvrage :De grâce, daignez le souffrir ;Quand j’eus dessein de vous l’offrir,Votre seule bonté m’en donna le courage !Ainsi, rare Sapho, l’ornement de nos jours,Sans chercher de plus longs detours,Ni sans m’excuser davantage,Je vais commencer mon discours :Ne vous imaginez pas, Mademoiselle, que ce que je vais vous conter soient desnouvelles particulières de la cour ; bien que j’y sois depuis quelque temps, je n’ensai pas davantage. Les gens aussi peu considerables et aussi peu empressez quemoi la suivent assez ordinairement sans la voir, ou la voyent bien souvent sans laconnoître. L’autre jour, m’étant retiré de meilleure heure qu’à l’ordinaire, dansl’oisiveté où je me trouvai, m’amusant à compter ce qui me restoit d’argent pourmon voyage, il me tomba dans la pensée que, si tant de pièces differentes que jetenois avoient du sens et de l’intelligence dans la tête, dont elles étoient marquées,il n’y auroit presque rien qu’elles ne pussent m’apprendre ; et que, l’or et l’argentayant de tout temps gouverné le monde, on pourroit sçavoir par leur moyen desnouvelles de tous les siècles. À peine avois-je eu cette pensée, qu’une pistole2d’Italie , que j’avois separée des autres ...
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