Victor Hugo — Odes et BalladesLe Génieà M. Le Vicomte de ChateaubriandLes circonstances ne forment pas les hommes ; elles les montrent : elles dévoilent,pour ainsi dire, la royauté du Génie, dernière ressource des peuples éteints. Cesrois qui n'en ont pas le nom, mais qui règnent véritablement par la force ducaractère et la grandeur des pensées, sont élus par les événements auxquels ilsdoivent commander. Sans ancêtres et sans postérité, seuls de leur race, leurmission remplie ils disparaissent en laissant à l'avenir des ordres qu'il exécuterafidèlement.F. DE LA MENNAIS. IMalheur à l'enfant de la terre,Qui, dans ce monde injuste et vain,Porte en son âme solitaireUn rayon de l'esprit divin !Malheur à lui ! l'impure envieS'acharne sur sa noble vie,Semblable au Vautour éternel,Et, de son triomphe irritée,Punit ce nouveau ProméthéeD'avoir ravi le feu du ciel !La Gloire, fantôme céleste,Apparaît de loin à ses yeux ;Il subit le pouvoir funesteDe son sourire impérieux !Ainsi l'oiseau, faible et timide,Veut en vain fuir l'hydre perfideDont l'oeil le charme et le poursuit,Il voltige de cime en cime,Puis il accourt, et meurt victimeDu doux regard qui l'a séduit.Ou, s'il voit luire enfin l'auroreDu jour, promis à ses efforts ;Vivant, si son front se décoreDu laurier, qui croît pour les morts ;L'erreur, l'ignorance hautaine,L'injure impunie et la haineUsent les jours de l'immortel.Du malheur imposant exemple,La Gloire l'admet ...
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