William Chapman — Les Aspirations
Le Fou
À M F. Lhomme, auteur
de la « Comédie d’aujourd’hui »
C’est un fou, c’est un fou que nul ne peut guérir.
Tout enfant, il passait de longs jours à courir
Dans les prés, dans les bois, au bord des précipices.
La solitude a fait en lui germer des vices,
Et dans les chants du nid, dans les souffles du vent,
Dans les cris de la foudre et du gouffre mouvant,
Dans les feux du soleil, dans l’ombre des feuillages,
Dans les parfums épars sur les monts et les plages,
Il a puisé, l’esprit de cent rêves hanté,
L’amour du rythme large et de la liberté.
Il a grandi parmi les mille bruits sublimes
Qui montent des forêts, des plaines, des abîmes,
Il a grandi parmi fleurs, oiseaux, papillons ;
Et, lui versant à flots ses senteurs, ses rayons,
Allumant des éclairs dans son âme inquiète,
La nature, un matin, en a fait un poète ;
Et depuis lors ce fou ne cesse de chanter.
Un rien le passionne et le fait palpiter ;
Et, malgré les clameurs d’une époque en délire,
Toujours inattentive aux accords de la lyre,
En dépit des sons vils que rend le vil métal,
Il chante tour à tour le rivage natal,
Le doux printemps qui fait miroiter la prairie,
La gloire des héros tombés pour la patrie,
Le respect des vieillards, le culte des défunts,
Les bois et leurs échos, les prés et leurs parfums,
Le saint progrès en marche et l’art saint qui l’éclaire.
Il demande en ses chants qu’on supprime la guerre,
Que l’on vole partout au secours des souffrants.
Sa strophe bien ...
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