Éphraïm Mikhaël — P o é s i e sLe Cor fleuriavec André-Ferdinand HeroldFÉERIEPERSONNAGESORIANEDORIETTESILVÈREOBÉRONLa scène représente une clairière dans la forêt des fées.Parmi des herbes lumineuses et des fleurs coule une fontaine. A droite,des buissons de roses. Oriane est assise près de la fontaine. Elledévide sur son rouet des fils pareils à des rayons de lune.ORIANEO fils resplendissants, ô fils couleurs d’étoile,Serez-vous le manteau d’un prince ou bien le voileD’une reine ?... Non, non, fils couleur du printemps,Je veux que vous soyez les clairs rideaux flottantsÉployés sur le lit ardent d’une amoureuse,Comme un pavillon d’or sur une barque heureuse.Un silence. Le rouet s’arrête. Oriane laisse tomber son fuseau et rêve.Oui, moi la calme sœur du lys et du ramier,J’aime l’amour, et c’est mon plaisir coutumierD’endormir une vierge en des songes d’épouse.O songes nuptiaux...Vivement, se faisant un reproche. Eh bien ! suis-je jalouse ?Oriane serait jalouse des amants ?Ah ! folle !... N’ai-je pas dans mes palais dormantsL’orgueil des voluptés ineffablement pures ?Là-bas, aux buissons bleus je cueille au lieu de mûresDes saphirs... Et le soir, en tournant mes fuseaux,J’entends chanter les mandragores. Mes oiseauxExhalent dans leur vol un parfum de corolles.Et je suis une fée, et je sais les parolesQui font surgir au ciel des astres inconnus.Je peux tout !Tristement. Non ! car ...
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