Attendu qu'il faut mettre à la raison la ville,Qu'il faut tout écraser dans la guerre civileEt vaincre les forfaits à force d'attentats,Cosme vient d'égorger, pêle-mêle, des tasDe misérables, vieux, jeunes, toute une foule,Dans Sienne où la fierté des grands siècles s'écroule.Tous les murs sont criblés de biscayens de fer.Le massacre est fini ; mais un reste d'enferEst sur la ville, en proie aux cohortes lombardes.La fumée encor flotte aux gueules des bombardes ;Et l'horreur du combat, des chocs et des assautsEst visible partout, dans les rouges ruisseaux,Et dans l'effarement des morts, faces farouches ;On dirait que les cris sont encor dans les bouches,On dirait que la foudre est encor dans les yeux,Tant les cadavres sont vivants et furieux.Cependant les marchands ont rouvert leurs boutiques.Des gens quelconques vont et viennent ; domestiques,Patrons, clercs, artisans, chacun a son souci ;Chacun a son regard qui dit : — C'est bien ainsi.Finissons-en. Silence ! un nouveau maître arrive. —L'indifférence aux morts qu'on a, pourvu qu'on vive,L'acceptation froide et calme des affronts,Cette lâcheté-là se lit sur tous les fronts. — Pourquoi ces vanupieds sortaient-ils de leurs sphères ?Ils sont morts. C'est bien fait. Nous avons nos affaires.Les rois qui sont un peu tyrans sont presque dieux.Nous serons muselés et rudoyés ; tant mieux.Enterrons. Oublions. Et parlons d'autre chose. —Ainsi le vieux troupeau bourgeois raisonne et glose.Et tous ...
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