William Chapman — Les AspirationsLa Statue de la Libertééclairant le mondeÀ Bartholdi Le bronze colossal domine l’Océan,Où New-York, plein d’orgueil, mire son front géant,Où la vaste cité, nouvelle Babylone,Projette l’aveuglant éclat qui la couronne.Il nargue les assauts formidables des ventsEt se rit des crachats que les grands flots mouvantsLui lancent dans leurs jours de délire et de rage.Le colosse n’a pas un frisson sous l’orage,Et la foudre s’émousse en frappant cet airainOu l’art français a mis son cachet souverain.Autour de la statue altière et solennelle,Qui regarde la mer comme une sentinelleEt sert durant la nuit de phare aux nautoniers,Des vaisseaux de haut bord balancent leurs huniers,De rudes matelots, de hardis capitaines,Des voyageurs partant pour des terres lointaines,Des étrangers venus de tous les horizons,De lourds fardiers portant de riches cargaisons,Se croisent tout le jour, reflétés par une ondeOù le vent fait flotter tous les drapeaux du monde.Dans l’immobilité superbe de l’airain,La statue, au regard toujours calme et serein,Semble prêter l’oreille à la clameur immenseQui s’élève sans fin de la ville en démence,Semble écouter le chant dolent des matelotsSur les vaisseaux voisins balancés par les flots,Et, bien que nul jamais n’ait vu frémir sa bouche,Qui garde une roideur froide autant que farouche,Elle parle, elle parle avec solennité,Et voici ce qu’un soir elle m’a raconté :― Depuis quinze cents ans le Christ ...
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