Las des rapides jours et des lentes années,Des soirs tristes, des nuits mornes, des gais matins,Vers les Temps éternels, continus et lointainsQue ne troubleront plus les heures obstinées,Vers les Temps éternels mon rêve s’est enfuiPar delà l’horizon des sépultures vaines,Vers les Temps éternels dont les douleurs humainesNe mesureront plus le monotone ennui.Vers le T o u j o u r s promis de mes amours passées,Vers l’azur où l’extase a figé les soleilsDans l’immobilité des deux toujours pareils,Mon âme tend l’essor de ses ailes blessées.Une glace éternelle a sculpté les flots blancsDe la mer qui m’attire, et les ports sont moins calmesQue sa morne étendue où, pareils à des palmes,Sont couchés les sillons jadis faits à ses flancs.Puisque tout mouvement pousse vers un abîme,Tout espoir vers un doute ou bien vers un remords,Et qu’un baiser sans fin n’est qu’aux lèvres des morts,— Vienne enfin la pitié du tombeau magnanime !Sous l’oblique regard des Orients vermeilsJe veux, tel que Memnon, m’endormir dans la pierre.Le grand sommeil des dieux tente seul ma paupière,Ayant lassé l’oubli des terrestres sommeils.— La pâle enchanteresse, à mon chevet penchée,Laissa choir de ses mains lasses sa lampe d’or,Et, comme une maîtresse indifférente, dort,Dans ses cheveux et dans ses longs voiles couchée,Rêve des deux fermés et des jours révolus,Fantôme virginal et doux, ô fiancéeDes célestes amours, ma blanche trépassée,Ne te réveille pas ! — je ne t’appelle ...
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