Un jour l'étoile vit la comète passer,Rit, et, la regardant au gouffre s'enfoncer,Cria : — La voyez-vous courir, la vagabonde ?Jadis, dans l'azur chaste où la sagesse abonde,Elle était comme nous étoile vierge, ayantDes paradis autour de son cœur flamboyant,Et ses rayons, liant les sphères, freins et brides,Faisaient tourner le vol des planètes splendides ;Rien n'égalait son nimbe auguste, et dans ses nœudsSa chevelure avait dix globes lumineux ;Elle était l'astre à qui tout un monde s'appuie.Un jour, tout à coup, folle, ivre, elle s'est enfuie.Un vertige l'a prise et l'a jetée au fondDes chaos où Moloch avec Dieu se confond.Quand elle en est sortie, elle était insensée ;Elle n'a plus voulu suivre que sa pensée,Sa furie, un instinct fougueux, torrentiel,Mauvais, car l'équilibre est la vertu du ciel.Devant elle, au hasard, elle s'en est allée ;Elle s'est dans l'abîme immense échevelée ;Elle a dit : Je me donne au gouffre, à volonté !Je suis l'infatigable ; il est l'illimité.Elle a voulu chercher, trouver, sonder, connaître,Voir les mondes enfants, tâcher d'en faire naître,Aller jusqu'en leur lit provoquer les soleils,Examiner comment les enfers sont vermeils,Voir Satan, visiter cet astre en sa tanière,L'approcher, lui passer la main dans la crinière,Et lui dire : Lion, je t'aime ! Iblis, Mammon,Prends-moi, je viens m'offrir, déesse, à toi démon !Elle s'est faite, ainsi que l'air, fuyante et souple,Elle a voulu goûter l'âcre extase du couple ...
Voir