Emportés par le vent, de grands nuages sombresSur la cime des bois traînent sans bruit leurs ombres.Le ciel est dépouillé de sa robe d’azur.Le fleuve, en gémissant, roule un flot plus obscur.C’est novembre qui vient. Une blanche geléeSous ses baisers de glace a flétri la vallée,Et, d’un ruban d’argent étoilé de cristaux,Elle a partout orné la rive des ruisseaux.Les bois ne sont plus verts, mais ils charment encorePar le feuillage sec, léger, multicolore,Qui couvre leurs rameaux d’un voile diapré.Près du sombre sapin, c’est l’érable pourpré ;Près du hêtre safran, c’est le tilleul verdâtre,Près du bouleau neigeux, l’orme gris qu’attend l’âtre.Les brises au hasard confondent ces couleurs,Et le soleil y joint de subtiles lueurs.La forêt n’entend plus d’amoureux babillages,Et les petits oiseaux, vers de plus doux rivagesSont allés du printemps attendre le retour.Bien hâtive est la nuit, et bien tardif, le jour.C’est la saison des vents, l’époque des tempêtes ;Le fleuve agite au loin ses écumeuses crêtes ;Les brouillards sont épais sur les bords de la mer,Et dans nos cœurs revient le souvenir amer.Cartier pleure à l’aspect de l’hiver qui s’avance.Il voit s’évanouir une douce espérance,L’espérance d’aller maintenant vers son roi,Pour dire ses succès, pour jurer sur sa foiQu’il donnait à la France, avec bonheur et gloire,Par delà l’océan, un vaste territoire.Il n’ose point voguer sur ces flots orageuxQue soulèvent toujours des vents impétueux ...
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