François de Malherbe — O d e sAu roiSur l'heureux succès du voyage de SedanEnfin, après les tempêtes,Nous voici rendus au port ;Enfin nous voyons nos têtesHors de l’injure du sort :Nous n’avons rien qui menaceDe troubler notre bonace ;Et ces matières de pleurs,Massacres, feux et rapines,De leurs funestes épinesNe gâteront plus nos fleurs.Nos prières sont ouïes,Tout est réconcilié ;Nos peurs sont évanouies,Sedan est humilié.À peine il a vu le foudreParti pour le mettre en poudre,Que, faisant comparaisonDe l’espoir et de la crainte,Pour éviter la contrainteIl s’est mis à la raison.Qui n’eût cru que ces murailles,Que défendait un lion,Eussent fait des funéraillesPlus que n’en fit Ilion ;Et qu’avant qu’être à la fêteDe si pénible conquêteLes champs se fussent vêtusDeux fois de robe nouvelle,Et le fer eût en javelleDeux fois les blés abattus ?Et toutefois, ô merveille !Mon roi, l’exemple des rois,Dont la grandeur nonpareilleFait qu’on adore ses lois,Accompagné d’un génieQui les volontés manie,L’a su tellement presserD’obéir et de se rendre,Qu’il n’a pas eu pour le prendreLoisir de le menacer.Telle qu’à vagues épanduesMarche un fleuve impérieuxDe qui les neiges fonduesRendent le cours furieux :Rien n’est sûr en son rivage ;Ce qu’il treuve, il le ravage,Et, traînant comme buissonsLes chênes et leurs racines,Ôte aux campagnes voisinesL’espérance des moissons :Tel, et plus épouvantable,S’en allait ce conquérant,À son pouvoir ...
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