L’Art d’aimerPierre Joseph Bernard1775Chant premierChant deuxièmeChant troisièmeL’Art d’aimer (Pierre Joseph Bernard) : Chant I J’ai vu Coigny, Bellone, et la victoire ;Ma foible voix n’a pu chanter la gloire :J’ai vu la cour ; j’ai passé mon printempsMuet aux pieds des idoles du temps :J’ai vu Bacchus, sans chanter son délire :Du dieu d’Issé j’ai dédaigné l’empire :J’ai vu Plutus ; j’ai méprisé sa cour :J’ai vu Daphné ; je vais chanter l’amour.Toi seul, ô toi, jeune objet que j’adore,De tous les dieux sois le seul que j’implore ;Que l’art d’aimer se lise en traits vainqueurs,En traits de feu, tel qu’il est dans nos cœurs.L’amour m’inspire, il m’apprend comme on aime ;De ses plaisirs instruisons l’amour même.À tes genoux, dans tes bras, sous tes yeux,J’en donnerois des leçons, même aux dieux.Aux vrais amours ma lyre consacréeNe chante point et Lampsaque et Caprée,Ni de Chrysis les lascives fureurs,Ni de Flora les nocturnes horreurs.Qu’ici l’amour, épurant son système,Nu, mais décent, plaise à la pudeur même ;Que Vénus donne à Vesta des désirs :Je veux des mœurs compagnes des plaisirs.Qu’à d’autres chants soit aussi réservéeDe Sybaris la mollesse énervée,Des amadis les respects insensés,Et du Lignon les bords toujours glacés.Dans mes portraits, Albane plus fidèle,Peignons l’amour comme on peint une belle ;D’un jour aimable éclairons son tableau,Vrai, mais flatté, tel qu’il est, mais en beau.J’appelle amour cette atteinte profonde ...
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