Jalousie féline

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Maurice Rollinat — Les NévrosesJalousie félineÀ André Slom. Cependant que juché sur l’un des hauts divansLe chat jaune poussait de ronronnantes plaintes,Dans un boudoir gorgé de parfums énervants,Je veillais la très chère à ...
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Français

À André Slom.
Maurice RollinatLes Névroses
Jalousie féline
Cependant que juché sur l’un des hauts divans Le chat jaune poussait de ronronnantes plaintes, Dans un boudoir gorgé de parfums énervants,
Je veillais la très chère à genoux et mains jointes, Et mon baiser rôdeur, papillon de ses seins, Effleurait leurs contours et vibrait à leurs pointes.
Vierges des nourrissons, vampires assassins, Ils étaient froids et durs comme des pommes vertes Et plus blancs que le cygne errant sur les bassins.
Voluptueusement elle dormait, et certes, Jamais femme n’aura, pour mordiller l’amant, Les dents que laissaient voir ses lèvres entrouvertes.
Très blanche, comme pour un enlinceulement, Sa robe la couvrait d’un brouillard de guipure, En sorte que les seins étaient nus seulement.
Et les reflets de l’âtre en livide jaspure Rampaient sur le divan d’où le chat regardait Cette gorge d’amour aussi belle qu’impure.
Même dans le sommeil profond elle gardait Sa morgue ! et telle était sa magique attirance Qu’irrésistiblement tout mon être y tendait.
Voilà pourquoi je vis avec indifférence L’œil toujours si câlin du gigantesque chat Se charger tout à coup de haine et de souffrance
Ô langueur criminelle indigne de rachat ! Je ne pris nulle garde à la jalouse bête, Quand il aurait fallu que ma main l'écorchât !
En vain, il se tordait les yeux hors de la tête, En vain, il écumait fou de rage, en grinçant Comme une girouette au fort de la tempête ;
Je fus aveugle et sourd pour lui ! tout languissant D’amour et de sommeil, j’accrochais mon extase À ces deux bouts de seins plus rouges que du sang.
Et je bâillais, râlant je ne sais quelle phrase, Lorsque soudain je vis le chat jaune vers nous Ramper lentement comme un crapaud dans la vase.
Oh ! ces poils hérissés ! ces miaulements fous ! — Mais la chambre devint ténébreuse et mouvante, Puis, plus rien ! et je dus m’endormir à genoux.
Et la paix du cercueil hantait ma chair vivante Lorsque je fus tiré de ce fatal sommeil Par un cri surhumain d’horreur et d’épouvante !
Oh ! maudite la lune et maudit le soleil ! Que sous l’homme à jamais la terre se dérobe ! Pourquoi donc pas la mort, plutôt que ce réveil !
— Là, hurlant de douleur, pâle dans une robe De pourpre, ensanglantant la neige des coussins, Rachel se débattait sous la bête hydrophobe
Qui miaulait en lui déchiquetant les seins !
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