Gabriel Vicaire — L’Heure enchantéeIsoline IIsoline, à la fenêtre,Regarde la mer couler.– « Oh ? je voudrais m’envoler,Comme un aiglon, loin du maître,« Enfoncer mon éperonDans les flancs du vent qui passe,Tourbillonner dans l’espace,Comme un feu de bûcheron,« Au jour nouveau près d’éclore,Jeter ma vie et mon sang,M’abîmer en frémissantDans l’eau fraîche de l’aurore !« Mon cœur est épouvantéDu temps qui me reste à vivre ;J’attends l’amour qui délivre.J’ai soif de la libertéIIChut ! Est-ce un rêve ?Un très doux chantDans le couchantTremble et s’élève.L’étrange voix,Pleine de larmes !Qu’elle a de charmesAu fond des bois !Par la nuit folle,Au firmament,DivinementElle s’envole,Et dans le cœurQui s’émerveille,Soudain éveilleL’amour vainqueur,L’amour qui gronde,Pleure et sourit,Par qui fleuritL’âme du monde.Le ciel est clair,La nuit rougeoie.Un vent de joieCourt sur la mer.A mille lieues,Voyez grandirEt rebondirLes vagues bleues.Voyez, voyezComme elles jouentEt puis secouentLeurs crins mouillés.Sur le prestigeDe leur beauté,Une clartéPasse et voltige.Leurs seins menusS’épanouissent,Des perles glissentSur leurs bras nusGloire éternelleAu vert printemps !Hourrah ! J’entendsSa ritournelle.Au gai refrainDe la folie,Le monde oublieSes vieux chagrins.Bientôt Dieu mêmeApparaîtra,Hourrah ! hourrah !Pourvu qu’on aime.IIIIsoline a senti son cœur se courroucer.Adieu la vie esclave au château des Ténèbres !Elle va ...
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