HymnesCallimaque de Cyrènetraduction Laporte-DutheilIEN L'HONNEUR DE JUPITERTandis qu'on offre des libations à Jupiter, quel plus digne objet de nos chants quece dieu même, toujours grand, toujours roi, qui dompta les Titans et qui donne deslois à l'Olympe ?Mais sous quel nom l'invoquerai-je ? Est-il le dieu de Dicté ? est-il le dieu duLycée ? J'hésite, puisque enfin le lieu de sa naissance est contesté. O Jupiter ! l'unveut que la Crète, l'autre que l'Arcadie ait été ton berceau : grand dieu, qui des deuxen impose ? ... Mais toujours le Crétois fut menteur ; le Crétois osa bien, dieupuissant, t'élever un tombeau, à toi qui n'as pu mourir, à toi qui es éternel. Oui, ce futsur le mont Parrhasius, dans le plus épais de ses bois, que Rhée te donna lanaissance ; bois devenu sacré dès cet instant ; bois dont jamais femme, dontjamais animal sujet aux travaux de Lucine n'ose approcher et que les Apidansappellent la couche antique de Rhée.Oui, ce fut là que ta mère, soulagée de son divin fardeau, chercha le canal d'uneonde pure pour se purifier et laver ton corps. Mais le majestueux Ladon, mais lelimpide Érymanthe ne coulaient point encore et l'Arcadie était encore aride. Un jourelle devait être célèbre par ses fleuves ; mais au moment où Rhée détacha saceinture, des chênes sans nombre s'élevaient sur le terrain où coule aujourd'huil'Iaon ; des chars pesants roulaient sur le lit du Mélas ; le Carnion, en dépit de seseaux, entendait les animaux féroces ...
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