— Alfred de VignyH é l é n aH É L É N A .——CHANT PREMIER.L’AUTEL.Ils ont, Seigneur, affligé votre peuple, ils ont opprimé votre héritage.Ils ont mis à mort la veuve et l’étranger, ils ont tué les orphelins.(Psaumes.)Le téorbe et le luth, fils de l’antique lyre,Ne font plus palpiter l’Archipel en délire ;Son flot, triste et rêveur, lui seul émeut les airs,Et la blanche Cyclade a fini ses concerts.On n’entend plus le soir les vierges de Morée,Sur le frêle caïque à la poupe dorée,Unir en double chœur des sons mélodieux.Elles savaient chanter, non les profanes dieux,Apollon, ou Latone à Délos enfermée,Minerve aux yeux d’azur, Flore ou Vénus armée,Alliés de la Grèce et de la Liberté,Mais la Vierge et son fils entre ses bras porté,Qui calment la tempête et donnent du courageÀ ceux que les méchants tiennent en esclavage :Ainsi l’hymne nocturne à l’étoile des mersCouronnait de repos le soir des jours amers.Sitôt que de Zea, de Corinthe et d’Alcime,La lune large et blanche avait touché la cime,Et douce aux yeux mortels, de ce ciel tiède et purComme une lampe pâle illuminait l’azur,Il s’élevait souvent une brise embaumée,Qui, telle qu’un soupir de l’onde ranimée,Aux rives de chaque île apportait à la foisEt l’encens de ses sœurs et leurs lointaines voix.Tout s’éveillait alors : on eût dit que la GrèceVenait de retrouver son antique allégresse,Mais que la belle esclave, inquiète du bruit,N’osait plus confier ses fêtes qu’à la nuit.Les barques ...
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