Au bas d'une muraille on ouvre une tranchée.Les travailleurs, bras nus et la tête penchée,Vont et viennent, fouillant dans l'obscur entonnoir ;Sous la pioche, pareille au bec d'un oiseau noir,Le rocher sonne, ainsi que le fer dans la forge ;Dur labeur. Gaïffer, qu'on appelle aussi Jorge,Fait creuser un fossé large et profond autourDe son donjon, palais de roi, nid de vautour,Forteresse où ce duc, voisin de la tempête,Habite, avec le cri des aigles sur sa tête ;On éventre le mont, on défonce le champ ;— Creusez ! creusez ! dit-il aux terrassiers, piochantDe l'aube jusqu'à l'heure où le soleil se couche,Je veux faire à ma tour un fossé si faroucheQu'un homme ait le vertige en regardant au fond. —On creuse, et le travail que les ouvriers fontTrace au pied des hauts murs un tortueux cratère ;Il descend chaque jour plus avant dans la terre ;Un terrassier parfois dit : — Seigneur, est-ce assez ?Et Gaïffer répond : — Creusez toujours, creusez.Je veux savoir sur quoi ma demeure est bâtie.Qu'est-ce que Gaïffer ? La fauve dynastieQu'installa, sous un dais fait d'une peau de bœuf,Le patrice Constance en quatre-cent-dix-neuf,Reçut de Rome en fief la troisième Aquitaine.Aujourd'hui Gaïffer en est le capitaine.De Bayonne à Cahors son pouvoir est subi ;Les huit peuples qui sont à l'orient d'Alby,Les quatorze qui sont entre Loire et Garonne,Sont comme les fleurons de sa fière couronne ;Auch lui paie un tribut ; du Tursan au MarsanIl reçoit un mouton de ...
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