Franz CoppolaHans WernerRevue des Deux Mondes T.13 1846Franz CoppolaL’Italie est un cygne, elle meurt en chantant.Musique italienne et musique allemande,C’est une question qui ne finit jamais ;L’un proclame l’orchestre et l’autre le gourmande ;Celui-ci n’a de goût que pour les grands effets,Les modulations, les clairons et leur bande ;Celui-là veut un air sentimental et frais.Vous aimez Bellini, je suppose, madame ?Et certes, volontiers, je conviens avec vousQue c’est un enchanteur dont la voix porte à l’ame,Un maestro divin, et que, si j’étais femme,Ce cygne élégiaque, harmonieux et doux,Je le préférerais à Mozart comme à tous.Il avait des accens de tendresse divine,De suaves langueurs d’un délire infini ;C’était le chant d’Orphée au fond de sa poitrine,Une amoureuse voix soupirant son ennui.Un poète a parlé des larmes de Racine ;Ne chantera-t-on pas les pleurs de Bellini ?Lui, de même, il savait pencher l’urne sonoreEt pleurer ; il savait éclater en sanglots,Et, pareille au ruisseau qui coule et qui s’ignore,Son ame féminine, où vibraient les échosDe ces mille tourmens dont l’amour nous dévore,Versait la mélodie et les larmes à flots.Il pleurait pour Arthur, il pleurait pour Elvire,La belle délaissée au suave délire ;Et, s’il voulait chanter l’héroïque Norma,Une larme glissait furtive sur sa lyre,Et la corde d’airain, qui frémissait déjà,Sur un mode plus doux prenait Casta diva.Mais ne trouvez-vous pas que cette mélodieTourne bien, ...
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