Philothée O’NeddyFeu et FlammeÀ la librairie orientale de Dondey-Dupré, 1833 (pp. 71-82).Prenez et lisez ! ceci est l’histoire de bien des femmes vertueuses.Roman inédit.Le cœur d’un homme est un vase profond :Lorsque la première eau qu’on y verse est impure,La mer y passerait sans laver la souillure,Car l’abîme est immense… et la tâche est au fond !Alfred de Musset. PROLOGUEComme, au bord du lit, par delà ce vitrail,Cette femme est posée avec désinvolture !A la voir en relief sur la rouge tenture,On dirait une perle aux parois d’un corail.Elle est là, le sein nu, sous une lampe fauve,Qui dévore de l’oeil une lettre d’amour !Viens, magique Asmodée ; entrons dans son alcove !Et tous deux appuyés sur l’élégant pourtourDe la couche d’ébène évasée en gondole,Lisons le doux vélin qui, des sens de l’idole,Ecarte le sommeil, malgré la mort du jour.LETTRE IQuoi ! ma prière encor dédaignée !… — Oh ! madame,Il faut, sur mon honneur, que vous n’ayez pas d’ame !— Quoi c’est donc vainement qu’exténuée de deuil,Etouffé de sanglots, à tes genoux je tombe !Me faudra-t-il donner ma généreuse tombe Pour piédestal à ton orgueil ?Dire qu’il s’est déjà passé toute une annéeDepuis l’heure où, naïve, heureuse, abandonnée,Tu versas dans mon sein tes aveux et ta foi,Et que, pourtant, hélas ! par un caprice austèreDe scrupule et de honte, incohérent mystère, Vous n’êtes pas encore à moi !…Malheureuse, sais-tu combien tu crucifieCe cœur loyal ...
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