Éleusis, poèmeVictor de LapradeRevue des Deux Mondes4ème série, tome 27, 1841ÉleusisI.Du haut des blancs parvis de Cérès Eleusine,Le peuple s’écoulait jusqu’à la mer voisine ;Des adieux se mêlaient aux clameurs des nochers ;Les tentes se pliaient au loin sur les rochers ;Trois vaisseaux, couronnés de fleurs, de bandelettes,Les jeux étant finis, emportaient les athlètesPar un chemin antique, assis dans leurs grands chars,Gravement revenaient les riches, les vieillards,Et les vierges d’Attique aux corbeilles fleuriesMarchaient par la campagne en longues théories.Quand nul ne resta plus du vulgaire joyeuxDont les rites divins ne frappent que les yeux,Des hommes désireux d’enseignemens austères,Et par de saints travaux préparés aux mystères,Se levant tout à coup au bord des bois sacrés,Du temple, avec lenteur, franchirent les degrés.Ils marchaient deux à deux, vêtus de laine blanche,Les pieds nus, et le front ceint d’une verte branche ;Tous avaient dans l’eau pure, à l’ombre des forêts,Plongé trois fois leurs corps en invoquant Cérès ;Tous avaient bu la veille aux amphores prescrites,Et muni de flambeaux leurs mains de néophytes.Ils étaient différens d’âges et de pays,Mais un désir pareil les avait réunis,Et tels que des oiseaux qui des bouts d’une plaineViennent s’abreuver tous à la même fontaine,Pour y remplir leurs cœurs, de sagesse altérés,Aux sources d’Eleusis ils s’étaient rencontrés.Comme un écho veillant sous le fronton antique,Une ...
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