Victor Hugo — Les Voix intérieuresDieu est toujours là VDieu est toujours là IQuand l'été vient, le pauvre adore!L'été, c'est la saison de feu,C'est l'air tiède et la fraîche aurore;L'été, c'est le regard de Dieu.L'été, la nuit bleue et profondeS'accouple au jour limpide et claire;Le soir est d'or, la plaine est blonde;On entend des chansons dans l'air.L'été, la nature éveilléePartout se répand en tous sens,Sur l'arbre en épaisse feuillée,Sur l'homme en bienfaits caressants.Tout ombrage alors semble dire:Voyageur, viens te reposer!Elle met dans l'aube un sourire,Elle met dans l'onde un baiser.Elle cache et recouvre d'ombre,Loin du monde sourd et moqueur,Une lyre dans le bois sombre,Une oreille dans notre coeur!Elle donne vie et penséeAux pauvres de l'hiver sauvés,Du soleil à pleine croisée,Et le ciel pur qui dit: Vivez!Sur les chaumières dédaignéesPar les maîtres et les valets,Joyeuse, elle jette à poignéesLes fleurs qu'elle vend aux palais.Son luxe aux pauvres seuils s'étale.Ni les parfums ni les rayonsN'ont peur, dans leur candeur royale,De se salir à des haillons.Sur un toit où l'herbe frissonneLe jasmin veut bien se poser.Le lys ne méprise personne,Lui qui pourrait tout mépriser!Alors la masure où la mousseSur l'humble chaume a débordéMontre avec une fierté douceSon vieux mur de roses brodé.L'aube alors de clartés baignée,Entrant dans le réduit profond,Dore la toile d'araignéeEntre les ...
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