Joséphin Soulary — Le Parnasse contemporain, IIDame la PaixRécit familier. IA l'époque où le soin de surveiller sa terreFait les loisirs d'Horace au magistrat austère,Quand le soleil tardif, en humeur de chômer,Délivre son permis de chasse au Sagittaire,Avec le droit — de s'enrhumer,J'y grimpais quelquefois par la Sente à la chèvre.Mon fusil sous le bras, dérangeant quelque lièvreQue j'allais tuer net, — s'il se fût tenu coi —Ou faisant envoler d'un massif de genièvreUn perdreau — moins surpris que moi. Bien avant qu'apparût entre les deux grands frênes,Au détour du lavoir bordé de marjolaines,Le toit pentif, accent jeté sur l'horizon.Une clameur pareille au bruit des mers prochainesM'annonçait de loin la maison.Car la maison couvait la tempête infinie.La fermière en était l'irritable génie ;Elle parlait si haut ! — (pardon, je me trompais)Elle criait si fort ! — Aussi, par ironie,L'appelait-on Dame la Paix.Par elle tout bougeait, grouillait, faisait merveille ;.Si la poule en son nid, comme en ses fleurs l'abeille,Si la vache à l'étable, au bercail le mouton,Gloussait, bêlait, bramait et bourdonnait, l'oreilleDevinait qui donnait le ton.Au fond (le dehors ment et le fond seul importe)C'était un brave cœur— servi d'une voix forte,Et le cœur pour la voix vous demandait pardonQuand, de l'air dont une autre eût dit : « Passez la porte ! »Elle vous criait : « Entrez donc ! »Dès le seuil on tombait en plein remû-ménage ;Le sarment ...
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