Paul VerlaineJadis et NaguèreLéon Vanier, 1884 (pp. 121-126).(A Villiers de l'Isle-Adam)Dans un palais, soie et or, dans Ecbatane,De beaux démons, des satans adolescents,Au son d'une musique mahométane,Font litière aux Sept Péchés de leurs cinq sens.C'est la fête aux Sept Péchés : ô qu'elle est belle !Tous les désirs rayonnaient en feux brutaux ;Les Appétits, pages prompts que l'on harcèle,Promenaient des vins roses dans des cristaux.Des danses sur des rhythmes d'épithalamesBien doucement se pâmaient en longs sanglotsEt de beaux choeurs de voix d'hommes et de femmesSe déroulaient, palpitaient comme des flots.Et la bonté qui s'en allait de ces chosesÉtait puissante et charmante tellementQue la campagne autour se fleurit de rosesEt que la nuit paraissait en diamant.Or, le plus beau d'entre tous ces mauvais angesAvait seize ans sous sa couronne de fleurs.Les bras croisés sur les colliers et les franges,Il rêve, l'oeil plein de flammes et de pleurs.En vain la fête autour se faisait plus folle,En vain les Satans, ses frères et ses soeurs,Pour l'arracher au souci qui le désole,L'encourageaient d'appels de bras caresseurs :Il résistait à toutes câlineries,Et le chagrin mettait un papillon noirA son cher front tout brûlant d'orfèvreries.Ô l'immortel et terrible désespoir !Il leur disait : " Ô vous, laissez-moi tranquille ! "Puis, les ayant baisés tous bien tendrement,Il s'évada d'avec eux d'un geste agile,Leur laissant aux mains des pans de ...
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